mardi 3 juin 2014

Reflet




A peine sortie du métro 6, je monte les escalators pour aller prendre le TGV qui me ramènera chez moi. "Il est midi" m'indique l'horloge de la gare Montparnasse, ça va, je ne suis pas en retard.

Un petit garçon s'installe sur la marche de l'escalier mécanique juste au dessus de moi. Il a environ 7 ans... 8 ans, ou peut être 10, j'avoue ne pas connaitre grand chose à ces petits êtres. Une étincelle de défi brille dans ses yeux en plus d'un air malicieux.
Je sens qu'on me frôle juste derrière moi, on me bouscule presque même... Encore quelqu'un pour qui se coller à la personne devant soi n'est pas un problème, rhââaa ces parisiens !
 
Je me retourne agacée et en un clin d'oeil l'individu est scanné. Un homme, brun, entre 30 et 40 ans, est sur la marche juste en dessous de la mienne. Visiblement inquiet que le petit homme se soit éloigné de lui, je comprends que je suis entourée d'un père et son fils. Si j'étais un cyborg, j'aurais vu tout cela sur mon écran virtuel malgré le gros voyant clignotant "Attention homme canon". Il est charmant à n'en pas douter. Qu'il ait envahi mon espace personnel ne me gêne plus tant que ça tout à coup. On ne se refait pas.

Tout cela se déroule en l'espace de quelques secondes et nos chemins se séparent devant le grand panneau d'affichage des départs. Voie 4, je suis en voiture 20 et il me faut un temps certain pour arriver au bout du quai et monter enfin. Je m'installe à côté d'une quinquagénaire charmante, discrète, silencieuse : idéale pour ma sieste. 



Habituée du train, je sors mon téléphone sur lequel j'ai environ 10 Go de mp3, mon casque audio, ma bouteille d'eau et mon livre même si je ne pense pas avoir le temps de lire avant de m'assoupir. Comme toujours, j'ai choisi le côté fenêtre en réservant sur internet, non pas pour observer le pays à 300 km par heure mais pour être plus tranquille afin de sombrer aux côtés de Morphée. Lors de ces voyages ferrés, la musique m'isole du monde extérieur, me préserve des cris d'enfants, des aller-retour des buveurs de café en costard qui rient de leur dernière transaction, ou encore des gamines de 16 ans qui ricanent en checkant leur Facebook.

Le train va bientôt partir et les derniers passagers s'installent. 
Dont un homme et son fils. Juste devant. Là. Lui.

Hasard de la vie, du même escalator nous nous retrouvons dans le même TGV, dans la même voiture et installés tout près l'un de l'autre.
Il sont sur un "club 4"... 
Dans le siège devant moi, dos à moi pour être précise : l'enfant...
Dans le siège en face de lui, tourné vers moi : le canon... 
Le dossier du "fiston" me cache la vue sur le "père", quel dommage... 

Mais heureusement, il y a le reflet de la vitre à côté de lui. Fenêtre bénie par les Dieux Olympiens, c'est certain !

Le schéma le plus beau du monde


Très beau temps ce jour là, je porte mes lunettes de soleil. Ou plutôt mes lunettes de voyeur. Ainsi je peux observer à loisir, grâce à l'effet miroir de la vitre, le charmant qui par ce jeu semble être pile face à moi. Quand il parle à son fils, on dirait qu'il me parle. Quand il sourit à son fils, on dirait qu'il me sourit. Cela nous arrive à tous, dans le train ou dans le bus, de voir ou d'observer les autres passagers en faisant semblant de profiter du paysage... n'est ce pas ?  C'est un effet à la fois déconcertant et agréable, un peu bizarre mais qui permet à mon imagination de s'éveiller.

Toujours dans ma bulle musicale, j'ai l'impression de voir un film à un seul plan, où l'acteur s'adresse à la caméra, avec mes lunettes 3D sur le nez et une bande son qu'on dirait écrite pour moi ! Les images semblent irréelles, je me sens totalement spectatrice de ses mimiques, sourires, regards et expressions. Au bout de quelques minutes à le détailler sous tous les angles, il est indéniable que je le trouve très séduisant. 

Il a un visage de beau gosse, une "belle gueule" qui s'ignore. S'il n'est pas réellement acteur il aurait pu l'être. Il a un regard noisette souriant, avec les petites pattes d'oie ultra sexy des hommes de son âge. Mignon assurément mais il n'en joue pas. Soigné, sa chevelure fournie est bien coiffée mais laissée faussement indisciplinée sous du gel. Un peu de gel, pas trop, juste ce qu'il faut. 

De taille moyenne, je dirais 1m75, il est mince mais semble assez sportif, je laisse mon imagination dessiner ses muscles sous son tee shirt à manches longues. Toujours habitée par ma musique, je ne peux pas entendre ce qu'il dit et à vrai dire tant mieux, cela pourrait gâcher le spectacle. Il peut arriver qu'une personne, homme ou femme, soit incroyablement attirante et puis là il/elle commence à parler et POUF le soufflé retombe en un battement de cils. En une phrase ou deux, le sex-appeal de la personne redescend à zéro, là où trônent les héros de la télé-réalité et autres QI d'huitre...

Je le déshabille confortablement à l'abri derrière mon masque teinté. Il m'attire terriblement, indubitablement, incontestablement... et il n'en sait absolument rien. 

J'ai presque honte de l'observer ainsi, moi qui n'ai jamais été portée par le voyeurisme, j'ai une sensation mitigée dans le bas du ventre, l'impression de faire quelque chose de mal... et d'excitant. Cachée impeccablement derrière mes Rayban, il n'a pas une fois tourné le regard vers moi, vers mon reflet... Et j'ai encore 2h pour profiter de ce show privé... alors chut ma conscience, tais toi, et profite !  

Source : ce joli blog   http://princesslily59.canalblog.com
Le film prend maintenant une toute autre tournure quand la fiction entre en jeu. Mon esprit vagabonde à partir de ce point de départ, j'imagine tout un tas de situations avec lui. Je m'attarde sur un développement possible du scenario et une évidente rencontre. Je l'imagine me parler (et avoir de l'esprit). Je l'imagine être charmé et happé par mon regard azur. Je l'imagine rougir timidement lorsque je lui envoie les premiers signaux appelant au sexe.  Le fantasme s'accélère... et le démon en moi se réveille.

La bande originale du James Bond "Skyfall" et la voix d'Adele me plongent un peu plus profondément dans mon fantasme.
Dans ce monde onirique, nous sommes entre deux wagons certes, mais seuls, tranquilles et imperturbables. Le reste n'existe plus. Le désir me rend déterminée et sûre de moi, comme l'aiment mes soumis. Je le plaque d'un air décidé contre la paroi sans que mes yeux ne quittent les siens, sans que ma main ne quitte son torse.

Ainsi immobilisé, il attend, étonné mais attiré par tant d'audace. Je prends son visage à deux mains délicatement, lui penche la tête, et fais glisser ma langue le long de son cou... Mes baisers voyagent maintenant vers sa bouche. Mes mains s'agrippent dans ses cheveux lorsque j’atteins enfin ses lèvres si convoitées. Évidement, il embrasse fougueusement et divinement bien. Ce baiser prolongé est si érotique que je sens ma dentelle s'humidifier. Déjà. Je me cambre, ma poitrine s'exposant de plus en plus, comme un appel...   
  
Mmmm...

Je ne m'arrête pas là bien au contraire... Je le déshabille, lui bloque gentiment mais sûrement les mains derrière lui et caresse son torse... Je sens ses tétons se durcir à mon contact et les effleure du bout des ongles afin de m'assurer que cette zone érogène est efficace. Son désir monte et la chair gonfle dans son boxer...

Je le relâche et il m'enserre de suite dans ses bras, me collant à lui au maximum, tout en dévorant mes lèvres. Ses mains sont tendres mais baladeuses, voyageant de haut en bas avec avidité, découvrant chaque parcelle de mon corps. OMG. J'ai besoin de me dévêtir. Maintenant. Tout de suite.  

Peau contre peau, le contact est chaud, doux, décuplant les sensations. Il m'excite les tétons et dévore mes seins jusqu'à plus soif. Je le goûte aussi, sa peau a un petit quelque chose de mentholé (peut être le Ricola que je viens de prendre dans mon sac, certes...).

C'est un tel bonheur de le sentir tout contre moi, de l'embrasser, de le vouloir à tout prix, de s'exciter l'un l'autre jusqu'à ce qu'enfin je guide sa main vers mon clitoris... Il pousse un râle de contentement lorsqu'il tâte de ses doigts la cyprine abondante qui s'écoule de mon antre et cela ne fait que renforcer son désir. Il trouve mon point G, celui qui peut me faire crier 20 fois par jour, celui que je ne contrôle vraiment pas, celui qui me rend quasiment folle. Je crie, j'arrive tout de même à prendre son sexe en main et ainsi nous gémissons ensemble sous le joug de la main de l'autre. 

Mais n'allons pas trop vite... "Profite de ce sexe gonflé avant de jouir" me dis-je... je l'allonge par terre et le chevauche, glissant son sexe au plus profond de moi d'un seul bond. M'agitant de haut en bas, ondulant mon corps, bougeant mes hanches au rythme de mon plaisir, je commence à perdre la tête, et lui endure cela avec fougue et gourmandise. Il m'empoigne les seins, embrasse et suce mes tétons. Hummm je suis à deux doigts de l'ultime plaisir... mais je décide de prolonger ce bonheur improvisé.


Penchée, une main sur la paroi du train, les fesses dressées, les jambes tendues sur mes talons, je l'invite à me joindre d'un regard malicieux. Il se place maintenant derrière moi, debout, profite de la vue sur mes fesses et passe à l'action. La pénétration est divine dans cette position dite de "l'émeu", son membre exerçant une pression quasi continue sur mon point G. Très sollicité, ce dernier commence à produire ses effets et les va-et-vient deviennent plus faciles... Ma vulve est trempée, la fontaine étant désormais ouverte.

Sans un mot, il place sa main droite sur ma hanche, s'agrippant comme il peut pour libérer sa main gauche et me caresser le clitoris. Pour ma part je suis haletante, je ne m'exprime plus que par onomatopées, incapable de bouger, mon esprit totalement perdu par tant de plaisir.  C'est tellement bon... la situation, son sexe, ses mains agiles... Je vais jouir très très rapidement à ce rythme, l'excitation multiple étant mon péché mignon... Je sens mon sexe se resserrer sur son membre enflé... d'une minute à l'autre je vais l'inonder... plus vite, plus fort, je vais venir...   

 




"Le train va entrer en gare de..."








Et me voilà malheureusement sortie de mon rêve. Mon imagination m'a emmenée si loin que j'ai la culotte trempée et le clitoris si gonflé ! Je sais que l'orgasme viendrait en quelques caresses à peine... Heureusement que rien n'est visible pour autrui... 
En sortant je le regarde droit dans les yeux sûrement dans l'espoir de... de quoi d'ailleurs ? Qu'il me parle, qu'il me sourit, qu'il me demande mon numéro, qu'il m'invite à diner ? Rien de tout cela n'arrivera évidemment, je ne suis qu'une passante pour lui. Et pour moi, il restera un fantasme posé par écrit pour l'éternité...



8 commentaires:

  1. pommes d'amour7 juin 2014 à 19:45

    Décidément, vous écrivez admirablement. C'est toujours un régal de vous lire.

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  2. hé hé ! il semble que la Miss a son lot d'admirateur !
    oui c'est joliment écrit, et si vivant. Keep going dear Miss
    bises du Cameroun

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  3. merci beaucoup pour cette belle histoire, Madame. Quelle plume... Et cet inconnu qui ne connait pas sa chance ! A chaque fois que je vais prendre le train, je vais chercher une belle Dame sur une place fenetre, avec des lunettes de soleil, qui mange des ricola :)

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  4. C'est joliment écrit.
    Il fallait lui demander son numéro :)
    Mais pas facile d'aborder un inconnu...
    ptitju

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    1. Merci Ptiju :)

      Oui mais lui demander son n° devant son fils, non merci...
      J'aurais pu le faire, ça m'est déjà arrivé d'y aller au culot et d'aborder/draguer ouvertement et directement (grâce à mon foutu caractère dominant sûrement ^^), mais là avec son fils en face, et les autres passagers autour, non sans façon... ^^

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